by gergovie
Mon Feb 03, 2014 5:10 am
Arnaque aux sentiments et chantage, une tactique imparable ! Pour pigeonner leurs victimes, les cybercriminels rivalisent d’ingéniosité.
témoignage
Derrière chacun de ses mots, la colère affleure. La douleur et la honte, aussi. Ses mains tremblent. Sa voix s'étrangle. Arthur (*) peine à trouver les mots. Mais ce trentenaire riomois est bien décidé à témoigner pour éviter à d'autres de se laisser prendre dans les filets tendus par des escrocs. Et surtout pour dire à celles et ceux qui n'auraient pas été assez vigilants que « le seul moyen de se sortir de l'enfermement lié au chantage, c'est de parler. Même si c'est douloureux, ça libère ».
Se faire avoir lui a coûté 20.000 € et son mariage
La vie d'Arthur a basculé un jour d'octobre. Sur son compte Facebook, il reçoit une demande d'amie. « Je ne voyais pas de raison de refuser ». D'autant qu'elle était fort jolie. « Elle s'est tout de suite intéressée à moi ». Et comme le couple d'Arthur battait sérieusement de l'aile (il est actuellement en instance de divorce, NDLR), il s'est laissé faire et a entamé une relation virtuelle extraconjugale : « Tous les jours, elle me disait que j'étais beau et gentil. Ça faisait du bien ».
Très vite, la jeune femme, qui sait flatter Arthur, lui fait miroiter qu'elle va le rejoindre à Riom pour vivre avec lui : « J'ai envie de fonder une famille. Je t'aime bb. Tu es l'homme de ma vie ». Mais avant cela, la soi-disant Niçoise doit partir régler des affaires en Côte-d'Ivoire, pour toucher un héritage. « On parlera par Skype ». Sur ce site, la jeune femme finira par se dévêtir lors d'un tchat : « "Bb, apprends-moi à faire l'amour, je ne l'ai jamais fait". Et elle a commencé à m'exciter en me disant "Je veux te voir nu aussi". Je n'ai pas pensé que ça pouvait craindre. Je me suis déshabillé ».
Tous deux ont continué à discuter quotidiennement, jusqu'à ce que la jeune femme lui fasse part de difficultés financières. « Elle était en galère pour débloquer l'héritage et payer le billet pour rentrer me retrouver. Je ne me suis pas méfié. J'étais tellement à fond que je lui ai proposé de lui prêter de l'argent ». 6.000 €. Elle l'a remercié. Avant de l'acculer, puis de l'achever.
« Le jour où elle était censée rentrer, elle m'a contacté pour me dire qu'un commissaire d'Interpol avait la vidéo avec elle et moi, nus. Qu'on avait enfreint la loi. Et qu'il proposait de passer l'éponge en échange d'argent ». Elle a dit à Arthur avoir déjà donné 2.000 €, mais il en réclamait encore 3.000… Les menaces de diffuser à la famille et aux amis ont commencé.
« J'ai cédé par peur. Et pour elle. Elle me disait qu'elle ne pourrait plus revenir, que le commissaire allait la poursuivre. Et lui a réapparu, me menaçant à nouveau. M'envoyant des textos et m'appelant sur mon portable : "Si vous ne me répondez pas dans la minute, la vidéo sera publiée" ».
« Je n'en pouvais plus d'être harcelé. J'ai fini par déposer plainte. J'aurais dû le faire plus tôt »
« J'avais lâché 20.000 €. Vu ma situation, je ne pouvais en parler à personne. Et comme je n'ai pas répondu… il a fini par diffuser la vidéo sur les murs Facebook de ma famille ». Car entre-temps, le compte d'Arthur avait été piraté. « Mes parents et ma s'ur ont vu la vidéo. Moi, j'étais malade et hospitalisé. Je ne pouvais rien faire. À chaque fois que mon téléphone sonnait, l'angoisse montait. Un vrai cauchemar ! » Sa mère, découvrant le pot aux roses, a aussitôt alerté la police. Arthur a fini par déposer plainte au commissariat en janvier…
« C'est la seule chose à faire, remarque l'enquêteur chargé du dossier. Ça ne rend pas l'argent, mais ça met un coup d'arrêt à l'enfer ». Arthur n'est pas le seul à s'être fait pigeonner : « On a eu plusieurs plaintes similaires. Toute demande de la part de quelqu'un qu'on n'a jamais rencontré est suspecte ! Il faut privilégier le contact direct au virtuel, aussi alléchant soit-il. Éviter de se déshabiller ou de se masturber devant une inconnue. Et ne jamais payer, car la vidéo finit toujours par être diffusée ! »
témoignage
Derrière chacun de ses mots, la colère affleure. La douleur et la honte, aussi. Ses mains tremblent. Sa voix s'étrangle. Arthur (*) peine à trouver les mots. Mais ce trentenaire riomois est bien décidé à témoigner pour éviter à d'autres de se laisser prendre dans les filets tendus par des escrocs. Et surtout pour dire à celles et ceux qui n'auraient pas été assez vigilants que « le seul moyen de se sortir de l'enfermement lié au chantage, c'est de parler. Même si c'est douloureux, ça libère ».
Se faire avoir lui a coûté 20.000 € et son mariage
La vie d'Arthur a basculé un jour d'octobre. Sur son compte Facebook, il reçoit une demande d'amie. « Je ne voyais pas de raison de refuser ». D'autant qu'elle était fort jolie. « Elle s'est tout de suite intéressée à moi ». Et comme le couple d'Arthur battait sérieusement de l'aile (il est actuellement en instance de divorce, NDLR), il s'est laissé faire et a entamé une relation virtuelle extraconjugale : « Tous les jours, elle me disait que j'étais beau et gentil. Ça faisait du bien ».
Très vite, la jeune femme, qui sait flatter Arthur, lui fait miroiter qu'elle va le rejoindre à Riom pour vivre avec lui : « J'ai envie de fonder une famille. Je t'aime bb. Tu es l'homme de ma vie ». Mais avant cela, la soi-disant Niçoise doit partir régler des affaires en Côte-d'Ivoire, pour toucher un héritage. « On parlera par Skype ». Sur ce site, la jeune femme finira par se dévêtir lors d'un tchat : « "Bb, apprends-moi à faire l'amour, je ne l'ai jamais fait". Et elle a commencé à m'exciter en me disant "Je veux te voir nu aussi". Je n'ai pas pensé que ça pouvait craindre. Je me suis déshabillé ».
Tous deux ont continué à discuter quotidiennement, jusqu'à ce que la jeune femme lui fasse part de difficultés financières. « Elle était en galère pour débloquer l'héritage et payer le billet pour rentrer me retrouver. Je ne me suis pas méfié. J'étais tellement à fond que je lui ai proposé de lui prêter de l'argent ». 6.000 €. Elle l'a remercié. Avant de l'acculer, puis de l'achever.
« Le jour où elle était censée rentrer, elle m'a contacté pour me dire qu'un commissaire d'Interpol avait la vidéo avec elle et moi, nus. Qu'on avait enfreint la loi. Et qu'il proposait de passer l'éponge en échange d'argent ». Elle a dit à Arthur avoir déjà donné 2.000 €, mais il en réclamait encore 3.000… Les menaces de diffuser à la famille et aux amis ont commencé.
« J'ai cédé par peur. Et pour elle. Elle me disait qu'elle ne pourrait plus revenir, que le commissaire allait la poursuivre. Et lui a réapparu, me menaçant à nouveau. M'envoyant des textos et m'appelant sur mon portable : "Si vous ne me répondez pas dans la minute, la vidéo sera publiée" ».
« Je n'en pouvais plus d'être harcelé. J'ai fini par déposer plainte. J'aurais dû le faire plus tôt »
« J'avais lâché 20.000 €. Vu ma situation, je ne pouvais en parler à personne. Et comme je n'ai pas répondu… il a fini par diffuser la vidéo sur les murs Facebook de ma famille ». Car entre-temps, le compte d'Arthur avait été piraté. « Mes parents et ma s'ur ont vu la vidéo. Moi, j'étais malade et hospitalisé. Je ne pouvais rien faire. À chaque fois que mon téléphone sonnait, l'angoisse montait. Un vrai cauchemar ! » Sa mère, découvrant le pot aux roses, a aussitôt alerté la police. Arthur a fini par déposer plainte au commissariat en janvier…
« C'est la seule chose à faire, remarque l'enquêteur chargé du dossier. Ça ne rend pas l'argent, mais ça met un coup d'arrêt à l'enfer ». Arthur n'est pas le seul à s'être fait pigeonner : « On a eu plusieurs plaintes similaires. Toute demande de la part de quelqu'un qu'on n'a jamais rencontré est suspecte ! Il faut privilégier le contact direct au virtuel, aussi alléchant soit-il. Éviter de se déshabiller ou de se masturber devant une inconnue. Et ne jamais payer, car la vidéo finit toujours par être diffusée ! »